CLAPTRAP

Au départ les chansons de Claptrap sont comme un esprit vagabond avec des doigts qui glissent entre deux cordes rouillées sans but précis. Des bribes de rien du tout font leur apparition : une clémentine, quelques grains de sable, un téléphone à cadran... Mots, sons, images apparaissent et restent sans fondements aucun.

L’errance amène la réflexion et certains rapports surprenants commencent à se dessiner entre son, sens, bruit et silence.

L’important n’est pas tant ce que tout cela signifie que ce qu’il désigne et révèle.

Dans ces objets trouvés où se mêlent l’intime, le politique et le trivial, peut-être y a-t-il l’idée d’une chanson primitive, un écho lointain des folksongs, des chansonniers, voire de Tin Pan Alley. Mais tout cela dans une loupe déformante, un filtre synthétique, quasi fantastique. Peut-être y a-t-il aussi la vision propre aux musiques dites « Exotica » des années 50 et 60, un ailleurs imaginaire créé de toutes pièces de manière scientifique et plastique. En somme, une chanson fantasmagorique, imaginant son propre territoire.

Originellement conçus par Eric Pasquereau, (musicien entre autres dans la Colonie de Vacances) ces chansons ont été savamment décomposées, déformées, travesties puis recomposées avec Julien Chevalier, Paul Loiseau et Vincent Robert (croisés chez Borja Flames, La Terre Tremble !!! ou Electric Electric). Claptrap a imaginé un instrumentarium non-orthodoxe, pont entre une pratique ancestrale (mandoline, guitare classique, percussions…) et une chimère futuriste (synthétiseurs modulaires, boîtes à rythmes, électronique…). Un petit orchestre bastringue electro-acoustique comme un rempart à la vacuité.

Si le groupe avait dans un coin de la tête les expériences équilibristes de Franco Battiato, d’Arto Lindsay ou d’Haruomi Hosono, il reste malgré tout très difficile de rattacher les musiques de Claptrap à ces quelques références tant chaque chanson avance comme un théâtre où une pièce se déroule sur le monde dans sa déroutante présence et diversité.