VELVET NEGRONI

Velvet Negroni alias de Jeremy Nutzman, chanteur et musicien de Minneapolis, a tout du phénomène underground made in USA.

Une créature R’n’B ayant hérité d’un ADN à mi-chemin entre The Weeknd et Bon Iver : protégé de Justin Vernon, Nutzman a d’ailleurs posé quelques chœurs et vocalises sur le récent album de ce dernier. Paroles cryptiques, productions pop avant-gardistes et insaisissables… Après plusieurs disques réalisés en totale indépendance sous de multiples noms (Pony Bwoy, Bright Club, Spyder Baybie Raw Dog…), il sort en 2017 T.C.O.D., carte de visite hallucinée pour son nouveau pseudonyme, Velvet Negroni. Cette sortie s’accompagne d’une heureuse entremise : le titre “Waves” fut effectivement samplé par Kanye West pour KIDS SEE GHOSTS, projet commun avec Kid Cudi.

Deux ans plus tard, il revient avec l’excellent et tout neuf NEON BROWN, qu’il vient présenter à Paris à la fin du mois de juin dernier. Et si le garçon commence à avoir le vent en poupe sur ses terres natales — après des années de galère qui semblent l’avoir profondément abîmé -, il est bel et bien inconnu chez nous. Et pour cause, la salle du 1999 où il se produit pour sa release party est quasiment vide. Mais peu importe : Velvet Negroni monte sur scène pour entamer une véritable séance d’exorcisme. Ses yeux, comme des billes, roulent ou se perdent dans le vide. Sa voix, trempée dans d’étranges effets de pitch, reverb ou delay, maltraite les productions éthérées de son nouveau disque. Son câble de micro s’enroule et s’emmêle au fur et à mesure qu’il enchaîne les passages dans le public. On comprend alors immédiatement les références et confidences dont il nous avait fait part quelques heures plus tôt : les souvenirs émus du concert de Andrew W.K. — où les gens montaient sur scène pour embrasser le chanteur de hard rock avec hystérie – ou les chansons des Backstreet Boys, qu’il récitait devant le miroir de sa salle de bain étant gamin. Avec sa folie naïve, Nutzman semble être un enfant qui a grandi trop vite : il prend une gorgée de bière qu’il recrache directement sur le parquet de la scène, à la manière d’un bain de bouche.